Romancière et dramaturge, je partage ma vie entre Paris et la Touraine. Agrégée de lettres, j'ai longtemps enseigné la littérature et l’histoire de l’art, avant d’interrompre ma carrière pour m’autoriser. Mes œuvres sondent les « territoires du silence », interrogent la mémoire individuelle et collective. J'explore et documente des histoires d'exil et de déracinement. Voyages entre les deux rives de la Méditerranée, mes textes « babéliens » mêlent le français, l’arabe et le berbère en une langue poétique d’une brutale intensité, la violence de la langue faisant écho à la violence de l’Histoire. Voyages dans la chair des mots, mes romans et pièces de théâtre s’ancrent de plus en plus dans le corps : corps qui souffre, corps qui jouit, vibre, et interagit avec le monde qui l’entoure...
De la salle de classe à l’atelier…
Les ateliers et masterclass s’inscrivent dans la continuité de mon activité d’autrice. Pendant trente ans, j’ai exercé le riche métier de prof de lettres. Pendant trente ans, j’ai été ventriloque ! Pendant trente ans, j’ai parlé avec les mots des autres, célébré les grandes voix de la littérature française, disséqué les alexandrins et les vers impairs « plus soluble[s] dans l’air », débusqué les anacoluthes, zeugmas et autres hypozeuxes. J'ai désormais quitté l'enseignement pour "m'autoriser".
Aujourd’hui que « mon livre[a poussé] sur d’autres livres », je fais résonner ma voix dans mes romans et pièces de théâtre et vous aide à trouver la vôtre dans les ateliers d'écriture et masterclass que j'anime.
Mon écriture, activité solitaire, s’enrichit des rencontres. J’ai constamment besoin et envie de sortir de cette solitude. C’est pourquoi je conçois les activités d’écriture créative comme un heureux prolongement de ma confrontation aux pages blanches. Mes romans en gestation sont toujours «œuvres ouvertes».
DERNIERE PARUTION
Le Tube de Coolidge , Août 2024
En trouvant un jour des radiographies de sa mère, Mona découvre l’étendue de ses souffrances. Ces clichés l’obsèdent au point de l’obliger à se confronter à son histoire. Celle de Yacine, son père, immigré tunisien bousculé dans la France des années 1960. Celle de Jeanne, sa mère, démunie face à la chute de son mari et à sa violence. Celle de son frère, Elyas, qui n’aura d’autre choix que de disparaître pour se reconstruire ailleurs. Et la sienne, enfin.
Puisant sans relâche sa force dans les livres, Mona explore ces vies invisibles entre les deux rives de la Méditerranée.
D’un geste d’écriture puissant, Le Tube de Coolidge est l’histoire d’une réconciliation, celle d’une femme avec ses origines, par la grâce de la littérature.
lire un extrait #1
Extrait 1 : Prologue
Je tiens, scellé dans un coffre, le corps en pièces de ma mère. Dissimulés sous une pile de vêtements colorés, à l’abri des regards, du mien surtout, dans un grand sac en papier fort d’une enseigne de luxe, des clichés radiographiques sommeillent. Le corps souffrant ne s’exhibe pas. Dans une fébrilité inquiète, je guette leur message opaque. Ces intérieurs, amas blancs et noirs, affichés sur le négatoscope ne s’offrent qu’à l’expert. Il me plaît pourtant de heurter aux silences ce projet impudique. Dans mon armoire et dans mon cœur, ces radios attendent que je leur donne la parole.
J’ai longtemps cru que je n’avais rien à dire. Je n’avais pas de souvenirs d’enfance. Comment faire surgir les images quand on a grandi derrière des cloisons à redouter des cris et des soupirs? Et puis, je suis tombée sur ces radios. Ce fut comme une révélation. Devenues cartes à explorer, territoires à parcourir, ces pellicules rectangulaires ont fertilisé ma mémoire. J’ai interrogé leurs ombres et ravivé, par fragments, les souvenirs de douleurs tues. En les découvrant, gondolées comme sous l’effet du soleil, les mots ont cillé. Mes textes fragmentaires sont devenus tableaux, tentatives pour faire surgir du néant des hommes et des lieux, la terre dont je viens, Tunisie longtemps fuie dont je refusais l’héritage.
lire un extrait #2
Extrait 2
L’air est noir. De grands rectangles fins crissent sous mes doigts. J’extrais lentement les radios des enveloppes brunes où elles sommeillent depuis un temps que je me refuse à dater. Elles se déploient dans un bruit sec mais ne se froissent pas. Quelques petits plis blanchâtres à leursurface rappellent d’anciennes manipulations. Je les superpose. Au hasard, je saisis l’une d’elles que son inhabituel format A4 a isolée des autres. J’étudie chacun de mes gestes pour ne pas laisser d’empreinte. J’écarte mes mains à la bonne distance ; je cale le cliché sur la fenêtre. Je m’applique. Le paysage enfin étale son arrogance muette. À mon front se creuse une ride profonde.Comment s’orienter dans cette étendue grise, où je peine à distinguer les reliefs, les côtes et les flux ? Dans ce territoire dévasté, je cherche du connu. Dans l’opacité se devine un chemin mais bientôt une épaisse nappe de brouillard m’égare. Je guide mes yeux plissés vers un autre passage. Je progresse lentement. Je voudrais distinguer et reconnaître un sentier familier dans cet amas d’images silencieuses. À mesure que je m’enfonce dans les tissus mous, quelque chose se noue dans ma gorge. Je devine la chair meurtrie.Le monde que je foule est amer et salé.Mes yeux s’usent dans la quête. J’arpente désormais une crête blanche. C’est plus dur sous mes pas. Mais qui sait ?Une crevasse peut-être s’est formée pour enfouir mon aventure et la rendre définitivement au silence. Je voudrais me suspendre. Là commence ma pérégrination. Je retiens mon souffle.Une clé mystérieuse se révèle sous mes yeux. Je reconnais, blanche et friable sur les clichés radiographiques que mes yeux interrogent, la clavicule crayeuse d’une femme fracturée par la colère d’un époux. Clé de voûte, édifice vacillant, presque effondré que je sors de la nuit. Arc-boutant de l’épaule, j’élève mon regard vers cet os long et plat recourbé en ses extrémités. Mes yeux se penchent au-dessus du vide; l’unique point d’attache du membre supérieur avec le squelette axial est rompu.Je prends garde à ne pas tomber dans le corps de ma mère. Ne pas ensevelir ses os sous mes larmes. Ne pas ajouter ma douleur à la sienne. Rester debout malgré l’inconfort et poursuivre ma découverte. En chemin, je m’installe dans un sillon du muscle sub clavier. Je m’égare dans la pénombre. Je me hisse bientôt en dehors de la gouttière, une surface rugueuse oblique d’avant en arrière et de dehors en dedans, la ligne trapézoïde est mon tremplin.
lire un extrait #3
Extrait 3
Août 1966
Ô serments ! ô parfums ! ô baisersinfinis1 !
Il faut avouer que tu es séduisant. Le français que tu parles en roulant les r transforme en déclaration chacune de tes paroles. La chance de Jeanne, c’est de s’être inscrite pour l’excursion à laquelle Cathy a préféré la baignade sous l’œil aguicheur du maître-nageur. Elle rit : « les ruines ne m’inspirent rien, je ne suis pas romantique, je vis dans le présent, mon présent porte un joli t-shirt qui rehausse mon teint mat et je souris quand je nage la brasse indienne. »Jeanne entre dans la lumière tunisienne comme les peintres avant elle. Les couleurs la possèdent. Dans un éblouissement, elles se diffractent puis les volumes disparaissent. Plates, les maisons blanches sur la colline de Sidi Bou Saïd, leurs fenêtres de fer forgé à peine ourlées de torsades bleues. Rectangulaires, les étalements des tapis, jets lumineux sur les remparts et les façades de chaux. Jeanne traverse la ville dans un rêve. Une petite porte s’ouvre sur un cercle de femmes assises sur de fines nattes à même le sol. Le tintement doré des bracelets à leurs poignets accompagne le chant des tisserandes et le va-et-vient des navettes sur les métiers. Poissons, canards et dromadaires vivent dans le secret des plis des tissus. De leurs mains couvertes de henné s’envole parfois un oiseau dans un ciel rouge datte, parfois des bijoux berbères comme autant de lunes dans l’azur. Voilà le sens du moment heureux. Au café des Nattes, Jeanne s’enivre d’un kawa à la fleur d’oranger.Puis Carthage se devine dans les décombres. La lointaine silhouette d’Élissa sa fondatrice, saisie au hasard des mosaïques décolorées, étonne le regard. La Tunisie prend maintenant le visage de cette veuve qui dressa la ville neuve sur le souvenir de son défunt mari. Jeanne gravit quelques marches. Au loin, Tunis plonge son regard dans la couleur. Entend-elle murmurer André Gide, Georges Bernanos ou Paul Klee entre les parois ensoleillées du Jebel Manar2 en surplomb sur la mer ? Songe-t-elle que saint Louis y vint mourir lors dela huitième croisade ? Les mots de Yacine lui tiennent un autre langage, et le soir dans son lit, elle t’entendra longtemps roucouler.Vous vous êtes évadés. Tu as raconté la maison du Bardo, son mimosa accueillant, le grand jardin derrière et la terrasse où tu passes tes nuits à l’écart des huit frères et sœurs dont tu es l’aîné. Tu as récité Baudelaire. Tu aurais voulu étudier la littérature mais tes professeurs t’ont détourné de ce projet fantasque.Tu seras médecin. Guider les touristes dans les ruines de Carthage, c’est ce que tu as trouvé de mieux pour financer tes longues études. Et puis ce boulot d’été, c’est la chance de pénétrer des lieux interdits aux autochtones. Les hôtels luxueux et les abords des plages se refusent aux Tunisiens. On regarde de loin ces femmes à la peau blanche et ces hommes aux épais portefeuilles qui ont fait graver des plateaux de cuivre en négociant chaque dinar. Les rêves et l’amertume se chevauchent. Ton plus jeune frère, Kamel, n’a jamais tenu ni couteau ni fourchette, mais tes mains à toi, Yacine, sont adroites. Tu as appris dans les livres. Vous avez fait l’amour sur la banquette arrière du bus. Demain, vous plongerez dans de froides ténèbres et direz adieu à la vive clarté de vos étés trop courts. Mais ça, vous l’ignorez
RENCONTRES ET DEDICACES
REVUE PRESSE
“La place manque pour dire toute la force, l’émotion et la richesse de ce premier roman qui doit absolument en appeler d’autres.”
Mohammed AÏSSAOUI
“ La force du récit réside dans ce qui le provoque : des radiographies et des diagnostics médicaux décrivant les séquelles corporelles de la mère battue par son mari. (...) Sonia HANIHINA renouvelle le genre avec une absece de pathos salutaire.”
Gladys MARIVAT
“ Première, deuxième, troisième personne: quel que soit le point de vue qu'elle adopte, Sonia HANIHINA écrit juste et fort dans un roman jamais complaisant.”
ILS M’ACCUEILLENT EN RESIDENCE
ATELIERS ET MASTERCLASS
Ateliers d’écriture
Un atelier d’écriture est un espace où votre voix peut vibrer et s’élever, soutenue par la présence du cadre et du groupe.
Chacune des rencontres est pensée comme un moment de convivialité, une invitation à être présent(e) à l’autre, de manière ouverte, joyeuse et sensible.
Les ateliers se déroulent dans un lieu propice à la création (librairie partenaire, café, hôtel littéraire…). Je vous accueille à chaque rendez-vous d’écriture dans un cadre de confidentialité et de bienveillance, la démarche exploratoire se détachant de toute recherche de performance.
Plusieurs formules d’ateliers existent: Ateliers «à la carte», «en abonnement», «week-ends d’écriture ou stages d’une semaine».
Masterclass d'auteur
Enseignant-e-s, invitez un auteur dans votre classe !
Faites le choix d’une expérience pédagogique singulière et d’une ouverture sur la création contemporaine dont vos élèves sortiront enrichis.
Une master class d’auteur, c’est :
- Un partage d’expérience autour de mon actualité littéraire et/ ou de mon travail d’écrivaine.
- Un dialogue entre les disciplines encouragé par les Instructions Officielles
- Une réflexion vivifiante sur l’orientation, la construction du « Parcours Avenir » des élèves par la découverte des acteurs de la chaîne du livre et des métiers associés.
FAQ
A qui s'adresse les Masterclass?
Les élèves des classes de 6ème à la Terminale.
Les enseignants de Français, HLP, Histoire-Géographie, EMC...
Comment organiser une masterclass?
1. Prenez contact avec moi et définissons ensemble les modalités de la masterclass que vous voulez proposer à vos élèves (causerie littéraire, atelier de lecture, atelier d'écriture, mise en voix...).
2 Je transmets au CNL les informations pratiques (date, heure, niveau des élèves, effectif, code RNE de l'établissement).
3. Le CNL édite une offre Pass culture sur la plateforme académique ADAGE .
4. Vous validez l'offre.
5. Je viens à la rencontre de vos élèves.
Comment se déroule la Masterclass?
D’une durée de 1h30 à 3h, les Master class se déroulent généralement dans l’établissement scolaire. Exceptionnellement, elles peuvent avoir lieu en visio-conférence.
Les modalités sont définies en concertation avec l'enseignant.